Un membre du CEFREPADE récompensé par la Fondation SUEZ ENVIRONNEMENT – Eau Pour Tous 2010

Vendredi 4 juin, Jean-Louis Chaussade, Directeur Général de SUEZ ENVIRONNEMENT et Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France, ont remis le Grand Prix de 100 000 euros du concours « Eau Pour Tous » à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (ENSPY) pour son innovation baptisée « LESEAU », développée par le Dr. Emmanuel Ngnikam, enseignant chercheur à l’ENSPY.

Le concours « Eau Pour Tous » vise à encourager des projets innovants de nature technique, économique ou sociale sur le thème de l’eau et de l’assainissement dans les pays en développement. Le projet « LESEAU » a été sélectionné parmi plus de 40 candidatures venant de pays du monde entier.

Le projet du professeur Ngnikam s’adresse aux populations qui n’ont pas accès au réseau de distribution public ou qui en ont un accès discontinu à cause de coupures d’eau.

« LESEAU » est un projet de production et de diffusion de récipients de conservation et de potabilisation de l’eau. Il s’agit d’un seau muni d’un couvercle et d’un robinet de puisage pour conserver l’eau potable sans risque de détérioration, et d’un filtre rustique intégré composé d’un mélange d’argile, de sciure de bois et de colloïde d’argent (agent bactéricide) pour éliminer les agents pathogènes et les matières en suspension.

Type de récipients conçus pour conserver de l'eau dans les ménages

Type de récipients conçus pour conserver de l’eau dans les ménages

Des prototypes de seaux, sans filtre, ont été expérimentés depuis 2005 au Cameroun dans la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 6. Les zones pilotes couvraient 13 quartiers spontanés denses, d’une population d’environ 25 000 personnes, et deux quartiers périphériques d’environ 15 000 habitants. Deux générations de récipients ont été testées auprès des ménages et des analyses sur la qualité de l’eau stockée dans ces récipients ont parallèlement été effectuées. Sur le plan sanitaire, l’utilisation de ces récipients par les ménages, couplée aux mesures de sensibilisation et d’éducation, a permis de faire baisser de façon marquante le taux de prévalence des diarrhées et des parasitoses intestinales chez les enfants âgés de moins de 5 ans.

Cette phase d’expérimentation a abouti fin 2009 à la conception d’un nouveau prototype – de couleur transparente pour voir le niveau d’eau, d’un volume plus important, avec un robinet démontable et l’ajout d’une notice d’utilisation, etc. – et à l’intégration d’un filtre au récipient pour améliorer la qualité de l’eau.

Le prototype de ce filtre a été testé en laboratoire avec des résultats très satisfaisants en matière de qualité d’eau. La combinaison du filtre avec le récipient de conservation de l’eau permettra à chaque ménage équipé de ce dispositif de produire au minimum 20 litres d’eau potable par jour sur une durée moyenne de 2 ans et demi. D’un point de vue économique, cette solution est très accessible : l’investissement nécessaire pour le récipient de conservation de l’eau seule varie entre 5 000 et 6 000 FCFA en fonction de son volume et le récipient associé au filtre coûte 10 000 FCFA (15 €).

Aujourd’hui, le projet est passé en phase de développement : 2 000 exemplaires du nouveau récipient de stockage muni d’un filtre vont être produits et testés à Yaoundé 6 et dans 9 communes du département du Mbam-et-Inoubou. L’ENSPY travaille avec différents partenaires pour mettre en place un circuit de fabrication, d’assemblage et de distribution pour les récipients, les robinets et les filtres, appuyé par la formation des entreprises locales et des intermédiaires et par des campagnes de sensibilisation des ménages.

Le CEFREPADE ne peut que se réjouir de l’évolution de ce projet et présente ses félicitations à toute l’équipe du Professeur Emmanuel Ngnikam.

Membres du CEFREPADE entourant, Emmanuel NGNIKAM, le lauréat

Membres du CEFREPADE entourant, Emmanuel NGNIKAM, le lauréat